Le premier trimestre de cette année est maintenant derrière nous, et en toute honnêteté, il est passé dans un tourbillon. Commençant en janvier avec l'AGA de la Western Pallet Association, suivi en mars de la réunion du Canadian Forest Phytosanitary Working Group (Groupe de travail sur la situation phytosanitaire des forêts du Canada) dans les bureaux de l'ACIA à Ottawa, la conférence annuelle des dirigeants de la NWPCA et la séance en personne du conseil d'administration de l'ACPCB, la planification d'INTERPAL et la tenue des visites d'usine à Minneapolis, et plus récemment un voyage pour rendre visite à nos amis de l'Association des manufacturiers de Palettes et Contenants du Québec pour visiter leurs moulins. En effet, une vraie tornade.
L'avantage de tous ces voyages et événements est qu'ils sont bons pour mesurer le 'pouls' de l’industrie. Les pensées semblaient unanimes parmi les fabricants d’emballage en bois : l’industrie est forte, la demande pour nos produits est bonne, la main d'œuvre est difficile à trouver... mais... le bois d'œuvre faisait immanquablement partie des sujets de conversation. Pourquoi les prix sont si élevés ? Pourquoi est-il si difficile à trouver ? Nous pouvons blâmer les droits imposés, blâmer les moulins, blâmer les courtiers, blâmer la Chine, blâmer n'importe qui. On nous pose des questions comme « Que fait l’association par rapport au prix du bois d'œuvre ? », ou « Qu'est-ce que je dois faire, je ne peux plus augmenter les prix ? ». Le fait est que lors de conversations avec des vétérans de l’industrie, nous pouvons observer que personne n’a vécu des moments comme ceux-ci auparavant, et à ce titre, il n’y a pas vraiment de réponse facile à ces questions, ni de boule de cristal pour établir un calendrier de la stabilité des marchés.
Ce que les acheteurs de bois doivent comprendre dans ce moment, c'est que, selon les propos de nombreux « experts du bois d'œuvre », « nous sommes dans une grande tempête » et nous traversons des terrains inexplorés. Il y a plusieurs facteurs qui influencent les marchés, dont aucun n’a jamais vraiment existé en même temps. Certainement, les droits imposés sur bois d'œuvre l'an dernier ont un impact, mais au Canada, les vrais déterminants dans ce moment n'ont rien à voir avec cela. Les inventaires bas, la demande forte, les baisses de productions des moulins, l'optimisation du rendement du matériel qui réduit la quantité de production de bois déclassé, la réduction de l'exploitation forestière autorisée, la concurrence d'outre-mer pour le bois rond et le bois de dimension, et sans oublier, le transport. C'est exact, les fameuses industries du rail et du camionnage. Ils sont à blâmer... en fait pas vraiment, mais le manège du monde du transport a certainement une incidence sur les prix et la disponibilité du bois d'œuvre autant que certains des autres facteurs.
Commençons par les camions. L'enregistrement électronique des données aux États-Unis a créé des défis intéressants pour les entreprises canadiennes. Rouler dix heures, s'arrêter dix heures. Je ne conteste pas le raisonnement derrière la règle, mais cela contribue considérablement à une diminution de la disponibilité des conducteurs, et plusieurs d'entre eux ne veulent tout simplement plus s'engager dans de longs parcours parce que ce n'est plus payant. Pourquoi les règlements des États-Unis ont-ils un impact sur la livraison nationale ? C’est simple, les chargements à destination des États-Unis paient plus, la consommation est supérieure et les ressources de conducteurs se retrouvent d'abord sur ce marché. En outre, la pénurie de conducteurs et le manque de personnel créent des problèmes dans l’industrie du camionnage, mais cela représente tout autant un défi pour nous. Les prix du carburant sont à nouveau à la hausse, ce qui fait que le cout du transport augmente aussi.
Puis, il y a les rails. Comme nous l'avons indiqué ce mois-ci dans les Graphiques du bois d'oeuvre de l'ACPCB, les inventaires de SPF dans l'Ouest du Canada sont bons ; toutefois, en raison d’une pénurie de wagons, le bois d'œuvre ne bouge pas. Les chargements en mouvement ont tendance à être de qualité supérieure et des produits à marge plus élevée, tandis que tout matériau de qualité industrielle est généralement relayé au second plan. Il faudra des mois avant ce que cette situation ne soit rectifiée, alors il ne faut pas s'attendre à ce que ce problème se règle bientôt.
Finalement, il y a la question de la demande. La demande est forte ; si bien que les plus offrants ou les payeurs les plus rapides obtiendront parfois la livraison, ou le chargement. Dès que les chargements sont disponibles, on se les arrache. C'est presque comme une vente aux enchères.
Tous ces facteurs et plus contribuent à la folle réalité à laquelle notre industrie fait face et la vérité, c'est que tant que les facteurs combinés qui influent sur le marché continuent de coexister, l'instabilité du marché persistera.
Il n’y a pas de règles ou de directives établies quant à la façon de survivre en ces temps tumultueux. Soyons assurés que les moulins, les courtiers et les compagnies de transport sont conscients de ces problèmes et qu'ils ne visent pas l'industrie des emballages en bois. Néanmoins, nous devons tous être disposés à supporter ces périodes d'incertitude au moins pour les mois à venir.